14/04/2025
Ça fait un petit moment que j'ai envie d'écrire sur ce sujet car comme certains le savent déjà je suis également éleveuse de chevaux et poneys de sport dans notre élevage familiale : le Haras de Gaci et que l'on soit ok avec ça ou non la performance est un critère important dans nos choix de croisement. Et comme je suis également atteinte du "syndrome du nouveau monde" comme l'explique très bien Pauline Barbier de Blooming Riders, je mets un point d'honneur à ce que le bien-être de nos chevaux soit au coeur de nos préoccupations.

Pour moi être performant en 2025 ce n’est pas simplement rafler toutes les coupes et les médailles.
C’est aussi s’assurer que son cheval va bien, et ne pas le faire au détriment de son mental ou de sa santé.
C’est être à l’écoute de son cheval, le connaître par coeur, savoir quand ça ne va pas.
Je ne sais pas si vous avez regardé la finale de la Coupe du Monde du Longines à Bales, Julien Épaillard a refusé de participer au barage de l’épreuve du samedi soir, souhaitant préserver son cheval pour l’épreuve du lendemain, au risque de perdre son avance et peut-être son titre de Champion. Mais son cheval prime sur ses résultats et pour moi c’est ça être performant.
Le cavalier et son cheval forment un couple, il est normal que chacun veille l’un sur l’autre.
1. Collaborateur et non éxécutant
Je suis persuadée que les chevaux aiment apprendre, réfléchir et même se dépasser. Ils aiment être stimulés, bouger, progresser. Ils se sentent mieux lorsqu’ils savent qu’ils maitrisent tous les aspects de leur vie.
C’est notre rôle de leur apprendre tout ça pour qu’ils se sentent bien dans leur coprs et dans leur tête.
Evidemment il faut que tout ceci soit fait dans le respect. De toute manière si ce n’est pas fais avec respect, ce sont des apprentissages qui ne seront pas ancrés et qui seront facilement balayés par leurs instincts de fuite.
💬 Dialogue permanent : on cherche la connexion plutot que le contrôle.
Si un cheval comprend ce qu’on attend de lui et qu’il a envie de le faire alors tout devient naturel et la performance devient comme fluide et facile car c’est aussi ce qu’il souhaite.
Je pense vraiment qu’il y a des chevaux qui aiment sauter et qui aiment la compétition, car ils y ont été amené de la bonne manière et ils y ont pris goût.
Je ne suis pas d’accord avec les personnes qui disent qu’on ne force pas un cheval de 500kg à faire ce qu’il n’a pas envie de faire, je pense que mettre un cheval dans une situation de résignation acquise est très facile et que même parfois on le fait sans s’en rendre compte.😵💫
Pour ceux qui ne connaissent pas ce concept voici une définition très simple :
La résignation acquise, c’est ce qu’un individu (humain ou animal) développe lorsqu’il a été confronté à des situations de stress ou de douleur répétées, qu’il ne peut pas fuir ou contrôler. Il finit par abandonner toute tentative de se défendre, même quand il pourrait le faire.
Il « apprend » que rien ne sert de réagir, car quoi qu’il fasse, il n’a pas de pouvoir sur ce qui lui arrive. Il devient passif, parfois « sage en apparence », mais c’est souvent un signe de souffrance psychologique profonde.
C’est très triste car un cheval dans cette situation n’apprend plus, il subit et un jour il finira peut-être par « exploser », tomber malade ou pire s’éteindre complètement…
Bref je m’écarte du sujet.🤭
2. Observer. Écouter. Comprendre 🧘♀️
Évidemment le bien-être est concerné par tout un tas de points à prendre à compte, mais ce n’est pas une check-list où l’on se dit que si tout est coché c’est ok notre cheval doit-être bien. Ça serait beaucoup trop facile n’est-ce-pas ?
Le bien-être est un état et chaque cheval à ses propres critères qui lui permettent d’arriver à cet état.
Et donc le maître-mot dans cette histoire c’est l’observation. On commence par observer son cheval, sous toutes ses coutures. Quelles sont ses habitudes, comment manifeste t’il son inconfort, et oui chaque cheval à sa propre façon de s’exprimer, on note le moindre signe, le moindre petit changement de comportement.
Mais même si on est capable de voir les signes encore faut-il savoir les écouter, remettre en question ses habitudes et être honnête avec soi-même pour essayer de comprendre et de chercher les causes plutôt que de chercher à atténuer les symptomes.
Quand je suis avec mes chevaux je me pose en boucle la même question : Est-ce qu’il se sent bien là tout de suite ?
Et j’observe chaque micro-expression.
En se posant cette question régulièrement on peut trouver à quel moment son état d’esprit à basculé et pour quelle raison.
Exemple :
Observer : Mon cheval commence à stresser quand je passe à la partie de la séance où je remonte un peu plus sur mes rênes.
Ecouter : Est ce qu’il a une douleur ? Est-ce qu’il fait une association avec un évènement qui se passe régulièrement quand je remonte sur mes rênes, par exemple sauter, est ce que c’est moi qui me crispe ?
Comprendre : Je vais essayer de changer ce que j’ai l’habitude de faire quand je passe à des rênes plus courtes, plutot que de sauter par exemple je vais continuer ma séance sur le plat comme ça et voir si il finit par se détendre ou non. Je vais checker les dents, le dos, la nuque. Je suis à son écoute, je l’entends et je cherche à comprendre.
Ce sont pour moi les 3 clés qui permettent de conscilier bien-être et performance.
Vous imaginez un athlète de haut niveau qui essairait sans cesse de dire et de montrer à son staff qu’il a mal ou bien qu’il a peur et que personne n’écouterait… Il ne tiendrait pas bien longtemps.
Un jour on m’a dis que les meilleurs chevaux de sport sont ceux qui ont une tolérance à la douleur plus élevée que les autres… C’est triste, pourquoi le sport devrait-il être douloureux ?
3. Une santé physique ET mentale
Évidemment le mieux pour ne pas avoir à se poser 10 milles questions c’est qu’il ait dès le départ un suivi irréprochable.
On ne s’en rend pas compte mais c’est une sacrée charge mentale que d’avoir un cheval qui va mal et nous le montre quand on ne sait pas par où commencer.
Ça va surement vous surprendre mais si je devais donner un ordre à suivre pour éliminer petit à petit les causes de mal-être je commencerais par lui offrir :
1. Un environnement adapté qui respecte ses besoins individuels (pas ceux imposé par la structure, pas ceux qu’on pense être bons pour lui, pas ceux qu’on préfère pour nous) c’est à dire du mouvement, des contacts sociaux avec des congénères amis, accès aux fourrages et à l’eau sans crainte, un endroit où il se sent en sécurité tout simplement. C’est bête mais on peut offrir une vie au pré à son cheval en pensant que c’est ce qu’il y a de mieux pour lui et lui causer des ulcères…
2. Être à jour niveau santé : dentiste, ostéopathe, maréchal, c’est la base ensuite on peut aussi pousser plus loin avec le shiatsu ou le massage, éliminer la présence d’ulcères (gastroscopie) ou d’inflammation digestive (echographie), éliminer les conflits de processus épineux ou bien l’arthrose (radiographie).
3. Avoir une ration équilibrée et suffisament de fibre, si on veut un cheval en bonne santé tout au long de sa vie et lui permettre de bien vieillir c’est essentiel !
4. Un entrainement adpaté, varié, réfléchi en fonction de nos objectifs et des capacités de notre cheval. Pour ça rien de mieux qu’un capteur de fréquence cardiaque pour suivre l’évolution de notre cheval et s’assurer que son travail est adapté. Vous pouvez même analyser la locomotion.
5. Du bon matériel. Ça peut paraître tout bête mais beaucoup de soucis en selle peuvent venir d’un matériel inadapté, pensez à faire vérifier votre selle et votre filet et à demander des conseils.
Bon j’ai surtout parler de santé physique car pour moi un cheval bien dans son corps et son environnement c’est en partie un cheval bien dans sa tête, en tout cas ça y contibue grandement.
Et je précise dans son corps et son environnement car vous pouvez avoir un cheval nickel niveau santé, si vous le mettez dans un environnement stressant il y a de grandes chances pour qu’il développent des ulcères et que cela nuise à votre relation et à son comportement.
Sachez aussi que les chevaux ont besoin d’avoir une stimulation mentale régulière, on parle de plus en plus d’enrichissement de l’environnement, ce qui leur permet d’explorer, réfléchir, comprendre et joue un rôle important dans leur épanouissement.
Conclusion : Le cheval d’aujourd’hui mérite mieux
La performance ça ne se construit pas dans la contrainte, en tout cas pas une performance durable. Elle naît d’un partenariat, d’une relation forte et bienveillante avec un cheval qui sait pourquoi il fait les choses, qui y trouve du sens et du plaisir.
On ne devrait jamais sacrifier le bien-être pour la performance.
Pour moi c’est ça la base du sport moderne, éthique et respectueux.
💬 Et vous, quelle place donnez-vous au bien-être dans votre pratique ? Pensez-vous que l’on puisse réellement méler bien-être et performance ?