Aller au contenu

28/05/2025

🌿 Le piège du radicalisme bienveillant

Parfois, on veut tellement bien faire qu’on finit par s’enfermer. Par peur de mal faire. Par culpabilité. Par amour aussi.

Quand j’ai quitté le monde du cheval après mes années en Grand Prix poney, je ne savais pas que j’y reviendrais. En fait au départ je voulais en faire mon métier mais mes parents m’ont dis de faire des études et que quand j’aurais une situation stable je pourrais m’acheter cheval, ils avaient raison sauf que…

Quand j’y suis revenue je n’ai pas acheté un cheval j’ai monté mon écurie 😅
Et je suis surtout revenue avec l’envie de faire autrement, j’ai observé, j’ai lu, je me suis formée. Et surtout, j’ai écouté. J’ai écouté les chevaux, leurs silences, leurs regards, leurs soupirs.

Mais il y a quelque chose que je n’avais pas vu venir et que je me suis pris en pleine figure, comme un piège que je m’étais tendu à moi même. Un piège pourtant tendu par de bonnes intentions.

🔄 L’envie de réparer

J’ai déjà fais un post insta à ce sujet, je vous invite à aller le lire si ce n’est pas fais mais en gros j’avais une forme de honte. Celle d’avoir, par ignorance, par automatisme, fait vivre à mes poneys d’autrefois des conditions de vie qui aujourd’hui me semblent si loin de leurs besoins. Des boxes trop fermés, une solitude que je ne voyais pas, une attention portée à la performance plus qu’aux signaux. Je ne savais même pas que les chevaux parlaient. Et moi, je ne les écoutais pas.

Alors quand je suis revenue, j’ai tout remis en question. J’ai cherché la vérité dans les nouvelles pratiques, dans le pied nu, dans le pré à volonté, dans les groupes sociaux stables. J’ai plongé dans ce « nouveau monde », du plus respectueux, du plus naturel, toutjours plus de plus en fait. Et j’ai voulu en faire une norme, une vérité absolue.

Mais… en voulant faire mieux, je suis tombée dans une autre forme de fermeture, peut-être pire même.

🚧 La prison de la conviction

Je me braquais dès que l’on me parlait de pratiques issues de « l’ancien monde ». Je ne voulais pas entendre et je suis devenue, sans le vouloir, ce que je fuyais : quelqu’un d’intolérant.

Je croyais être ouverte d’esprit et en réalité, j’avais juste changé de camp, mais pas de posture.

Moi qui pensais être à l’écoute des chevaux, je me suis aperçue que ce n’était pas le cas car je leur ai imposé ma nouvelle vision (qui selon moi respectait en tout point leur besoins fondamentaux) et c’est là que j’ai ouvers les yeux sur le fait tous les chevaux n’ont pas les mêmes besoins… et ben ouai ! ça peut sembler logique pour certains mais moi je m’étais tellement mis la pression pour leur offrir tout ce qu’un cheval est censé avoir que j’en ai oublié qu’ils étaient avant tout des êtres uniques.

🐴 Le cheval qui m’a réveillée

Un jeune cheval est arrivé à l’écurie et dès les premières semaines, je lui ai offert ce que je pensais être le mieux : pré à volonté, copains, vie dehors, en plus la météo s’y prêtait. La vie parfaite quoi.

Mais petit à petit, le travail est devenu difficile. Il était fatigué, tendu, parfois agacé, il voyait des « fantômes ». On a cherché : ostéo, prise de sang, tout était ok. Pourtant il avait l’air vraiment fatigué, l’oeil un peu abattu, je le sentais mal dans son corps. Mais POURQUOI ? Qu’est ce que je faisais de mal ?

Puis on s’est demandé si il n’avait pas besoin de se reposer au boxe, c’est vrai que je le voyais rarement dormir allongé, pour ainsi dire jamais même, donc on a tenté. On l’a remis au boxe pour la nuit. Et là… il s’est mis à dormir, comme un poulain. Dès que la nuit tombait il s’allongait de tout son long et dormait profondément pendant des heures ! Et au fil des jours, j’ai commencé à retrouver un cheval en forme avec cette étincelle dans le regard.

Et ben ouai ce cheval il aime être seul dans un boxe pour se reposer ! JAMAIS mais JAMAIS je ne m’étais posé cette question, parce qu’on voit partout les gens crier qu’un cheval n’est pas fait pour être au boxe et que c’est faux que certains chevaux préfèrent être au boxe que dehors et j’y croyais moi aussi et en refusant de mettre des chevaux au boxe je me pensais bientraitante ! Oups 🤭

Au final c’est lui qui m’a fait comprendre que la bientraitance ne pouvait pas être un modèle unique.

🌈 La bientraitance, ce n’est pas une recette

C’est une posture d’adaptation. Une écoute active. Une remise en question constante. Ce cheval-là avait besoin de dormir au boxe. Un autre aura besoin de plus de liberté. Un troisième ne supportera pas les interactions sociales en continu. Et c’est notre rôle, à nous, humains passionnés, de faire le tri, d’observer, d’essayer… sans imposer.

Je n’ai plus peur aujourd’hui d’avoir eu tort. J’accepte mes erreurs passées, parce qu’elles m’ont construite.

💛 Conclusion : être bientraitant, c’est rester humble

Aujourd’hui, j’ai toujours envie de bien faire. Mais je le fais avec plus de douceur, plus de nuances. J’écoute davantage, je juge moins. Et je remercie mes chevaux, parce que ce sont eux qui m’enseignent la vraie bientraitance.

Celle qui ne crie pas.
Celle qui n’impose pas.
Celle qui accepte la complexité de chaque individu, et qui cherche, chaque jour, à s’ajuster avec amour.

Découvrez Ekiday : Téléchargez l'application dès maintenant !